Environnement

DES AUTOCHTONES SACRIFIÉES SUR L’AUTEL DU PROFIT MINIERO-PÉTROLIER

Dans une note de position publiée le 2 mai 2025, l’Association pour le Respect du Droit des Populations Autochtones, du développement durable et des Droits de l’Homme (ARPA2DH) dénonce les impacts désastreux de l’exploitation minière, pétrolière et gazière dans plusieurs départements du sud du Congo. Entre absence de légalité environnementale, non-respect des droits humains et dégradation irréversible des écosystèmes, le constat est alarmant.

Dans une note accablante adressée à l’opinion publique et aux autorités congolaises, l’ARPA2DH dresse un bilan critique de l’exploitation des ressources naturelles dans les départements de Pointe-Noire, du Kouilou et de la Bouenza. L’association pointe du doigt une série d’atteintes graves à l’environnement et aux droits fondamentaux des populations locales, notamment les communautés autochtones, largement exclues du processus de décision et d’exploitation. « Aucune des compagnies extractives observées ne dispose d’un certificat de légalité environnementale, ce qui constitue une infraction majeure au regard de la législation congolaise et des conventions internationales ratifiées par le pays » , note le document de position daté du 2 mai 2025.

Parmi les sociétés citées, figurent Trident Energy, active dans le permis de Tchiminzi, Wing Wah Oil dans la zone de Tchitandzi, SOREMI dans les mines de Mfouati, et City SARL, qui opère dans la Réserve de biosphère de Dimonika, pourtant classée par l’UNESCO.

Des effets environnementaux dévastateurs

L’ARPA2DH dénonce des pollutions massives des cours d’eau, l’épandage de mercure et d’hydrocarbures dans les sols, des émissions de gaz toxiques et des déchets abandonnés en pleine nature, sans aucune procédure de traitement ni réhabilitation des sites. « À Mbinda, les sacs de déchets miniers sont laissés à l’abandon sans couverture et menacent les cours d’eau et les habitations », illustre la note, documentant par ailleurs l’effondrement de plusieurs maisons sous l’effet de l’érosion et des vibrations causées par les explosions minières. Les populations autochtones excluesLe non-respect du Consentement Libre, Informé et Préalable (CLIP), garanti par le décret 2019-201 du 8 août 2019, est au cœur des préoccupations. Aucune des entreprises en activité ne procède à une information transparente, ni à une consultation des communautés impactées. Certaines populations autochtones de Kibangou, Kakamoeka, Hinda et Madingo-Kayes déclarent ne jamais avoir été informées des projets, encore moins indemnisées pour les terres accaparées ou détruites.

« Les compagnies extractives ont remplacé les notables et les autorités locales par des personnes favorables à leurs activités, excluant de facto les vrais représentants des communautés autochtones des processus de concertation », déplore l’ARPA2DH.

Face à ce constat, l’ARPA2DH recommande :

– La suspension immédiate des permis d’exploitation délivrés sans certificat environnemental ;

– L’organisation de missions d’audit pour évaluer les dégâts environnementaux ;

– La mise en œuvre de plans de gestion durable et inclusive des ressources, avec implication réelle des communautés.

L’organisation va plus loin en suggérant l’ouverture d’un dialogue national inclusif sur la transition écologique, rassemblant les autorités, la société civile, les industriels et les populations concernées. « Il est impératif que l’État congolais prenne ses responsabilités pour protéger l’environnement et garantir les droits des générations présentes et futures. Le silence des autorités face à de telles violations constitue une complicité passive », conclut la note.

Alors que les enjeux climatiques deviennent cruciaux pour l’avenir du pays, le modèle extractiviste congolais est mis en accusation. L’heure semble venue de repenser la gouvernance des ressources naturelles.

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Vivace MAMBOUANA

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