À l’Est de la République démocratique du Congo, notamment dans la province du Sud-Kivu, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) affrontent depuis plus de dix ans un groupe rebelle dénommé Mouvement du 23 mars, le « M23 ». Cette guerre, qui pourrait paraître comme une crise interne à la RDC, est en réalité un problème régional.
En effet, le M23 est dirigé par le colonel Sultani Makenga et Bishop Jean-Marie Runiga Lugerero, tous deux Rwandais d’origine. Au début de l’année 2022, alors que l’on pensait cette crise révolue, le M23 a ressurgi. Il a attaqué plusieurs villages dans la province du Sud-Kivu sans grand impact initial, mais a ensuite multiplié les attaques contre les civils dans la région. Selon l’ONU, près de 210 000 personnes ont besoin d’aide humanitaire dans l’Est de la RDC.
Le retour en force du M23 inquiète le gouvernement congolais, qui accuse le Rwanda de soutenir ces rebelles. Une affirmation aussitôt démentie par le gouvernement rwandais et les insurgés eux-mêmes. Pourtant, un chercheur de l’International Crisis Group, Onesphore Sematumba, appuie ces accusations. Selon lui, « la résurgence du M23 est probablement influencée par la volonté du Rwanda d’arrêter un projet d’infrastructure qui relierait la RDC et l’Ouganda ».
Il faut noter que l’Ouganda, qui n’a plus de conflit diplomatique avec la RDC, appuie désormais l’armée congolaise sur le terrain et en aviation militaire contre le M23. À Bunagana, le M23 a attaqué plusieurs villages, notamment Mugingo, Gasiza, Chengerero, Rugamba, Kibote, Baseke et Kabindi. Grâce à l’aide de l’armée ougandaise, les FARDC ont réussi à repousser les rebelles.
Durant la même période, à Rutshuru, une localité de la province du Nord-Kivu, le M23 a lancé des bombardements atteignant même des écoles. Selon un rapport du Haut-Commissariat pour les Réfugiés, « les affrontements dans le Rutshuru ont provoqué 46 000 déplacés ».
Dans le même esprit qu’Onesphore Sematumba, Thomas Fessy, chercheur pour la division Afrique de Human Rights Watch, soutient également que le M23 bénéficie d’un soutien direct du Rwanda. Le 1er novembre 2022, il publie un article intitulé « Avancée du M23 en RD Congo : les combats mettent de nouveau les civils en danger », dans lequel il affirme que « le groupe armé, qui bénéficie d’un soutien direct du Rwanda, a lancé une offensive le 20 octobre et s’est emparé d’une grande partie du territoire de Rutshuru, prenant notamment les cités de Rutshuru Centre et Kiwanja. Ces deux localités rurales abritaient une grande partie des 186 000 personnes déplacées qui avaient déjà fui la reprise des combats entre le M23 et les forces congolaises au cours des derniers mois. Bon nombre de ces personnes sont à nouveau en fuite ».
Il faut rappeler que Human Rights Watch a documenté les crimes commis par le M23 en 2012. Cette même année, ils publient un article « RD Congo : Les rebelles du M23 commettent des crimes de guerre », accompagné du sous-titre : « Les autorités rwandaises devraient cesser immédiatement leur soutien à ce groupe armé, sous peine de sanctions ».
Lien : https://www.hrw.org/fr/news/2012/09/10/rd-congo-les-rebelles-du-m23-commettent-des-crimes-de-guerre
Clairement, la guerre à l’Est de la RDC implique quatre acteurs majeurs : la RDC, l’Ouganda, le M23 et le Rwanda. D’un côté, la RDC soutenue par l’Ouganda ; de l’autre, le M23 soutenu par le Rwanda.
Un rapport du groupe d’experts des Nations unies sur la RDC, transmis à des États membres du Conseil de sécurité et obtenu par Le Monde, accuse l’armée rwandaise d’avoir participé à des attaques contre des militaires congolais et d’avoir équipé et fourni des renforts aux insurgés du M23.
« Les experts de l’ONU, qui ont mené des inspections sur place et analysé les images disponibles, assurent disposer de preuves solides démontrant la participation de militaires rwandais à plusieurs attaques perpétrées contre des soldats congolais, dans la province du Nord-Kivu, fief du M23, entre novembre 2021 et juillet 2022 », rapporte Le Monde dans un article signé Morgane Le Cam, titré « RDC : un rapport confidentiel de l’ONU apporte des preuves solides de l’implication du Rwanda dans l’Est ».
Lien : https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/08/04/un-rapport-confidentiel-de-l-onu-accuse-des-militaires-rwandais-d-attaques-contre-l-armee-congolaise-et-de-soutien-au-m23_6137182_3212.html
Lors de la 77e Assemblée générale de l’ONU en septembre 2022, les présidents de la RDC et du Rwanda n’ont pas manqué de s’affronter verbalement à la tribune des Nations unies. Félix Antoine Tshisekedi a déclaré que « le Rwanda veut occuper l’Est de son pays par l’intermédiaire du groupe M23 ». De son côté, Paul Kagame a mis en avant l’apport du Rwanda dans la résolution des crises africaines, notamment au Mozambique.
BIBLIOGRAPHIE / SITOGRAPHIE
Libération – RDC : Goma en ébullition
Human Rights Watch – Avancée du M23 en RDC
Human Rights Watch – Crimes de guerre du M23
RFI – Crise RDC-Rwanda à l’ONU
Le Monde – Implication du Rwanda
TV5 Monde – Massacre de civils
France TV Info – Soutien de Kigali au M23
ONU – Crise humanitaire en RDC
Wikipedia – Sultani Makenga
Wikipedia – Congrès national pour la défense du peuple
Wikipedia – Mouvement du 23 Mars
Wikipedia – Offensive du M23 en 2022
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