Une vaste étude pilotée par des chercheurs du WWF et de l’Université Concordia révèle une perte dramatique de couvert forestier dans le bassin du Congo. Si rien n’est fait, jusqu’à 204 000 km² supplémentaires pourraient disparaître d’ici 2050, menaçant la biodiversité et l’équilibre climatique mondial.
La déforestation s’accélère dangereusement dans l’un des derniers grands massifs forestiers tropicaux de la planète. C’est le constat inquiétant dressé par une étude menée sur soixante ans par une équipe de chercheurs dirigée par le Dr Yisa Ginath Yuh, du WWF et de l’Université Concordia (Canada). Entre 1990 et 2020, ce sont plus de 352 000 km² de forêts qui ont disparu – soit l’équivalent de près d’un quart du territoire congolais.
Les causes ? Une combinaison de pression démographique, d’agriculture industrielle et d’expansion urbaine, aggravée par les effets du changement climatique. Si les tendances actuelles ne sont pas inversées, jusqu’à 204 000 km² supplémentaires de couvert forestier pourraient disparaître d’ici 2050, soit près de 4 % des forêts restantes du bassin.
Le rapport, qui s’appuie sur des technologies de pointe telles que l’intelligence artificielle, les images satellites et l’informatique en nuage, propose des outils précis pour surveiller les zones forestières menacées. « Nous avons utilisé des cartes à haute résolution et des modèles prédictifs pour identifier les zones les plus vulnérables », explique le Dr Yuh. L’objectif : orienter les décideurs vers des stratégies de conservation plus efficaces.
Les chiffres de la perte forestière sont d’autant plus alarmants que le bassin du Congo joue un rôle crucial dans la régulation du climat mondial. Cette région absorbe des milliards de tonnes de CO₂ chaque année et abrite une biodiversité unique, dont de nombreuses espèces endémiques. Sa dégradation accélérée pourrait donc avoir des conséquences planétaires.
Pour le Dr Kouamé Paul N’Goran, responsable du suivi environnemental au WWF, l’urgence est claire : « Si l’utilisation actuelle des terres se poursuit, nous pourrions perdre plus de la moitié des forêts restantes d’ici 2050. C’est un signal clair pour repenser nos politiques d’aménagement et renforcer les dispositifs comme le programme Redd+ ».
L’étude invite à une mobilisation internationale autour de la gestion durable des forêts du bassin du Congo. Car plus qu’un enjeu local, c’est bien une question de survie environnementale globale.