samedi, août 2, 2025
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Réunis à Brazzaville autour de la deuxième session ordinaire du Conseil National de la Santé, le gouvernement congolais, l’OMS et les acteurs locaux ont dressé un état des lieux sans détour du système de santé et esquissé une feuille de route pour faire de la santé un levier du développement national.

Brazzaville a accueilli, sous la présidence effective du Premier ministre Anatole Collinet Makosso, la deuxième session ordinaire du Conseil National de la Santé. Cette instance stratégique, créée en 1984, revient aujourd’hui au cœur du dispositif national pour donner une nouvelle impulsion à la gouvernance sanitaire du Congo.

Dans un contexte marqué par une double charge de morbidité (maladies transmissibles persistantes et maladies non transmissibles en forte hausse ) les autorités ont livré un diagnostic lucide et ont réaffirmé leur ambition à faire de la santé « la première des douze batailles du gouvernement », comme l’a rappelé le Premier ministre, insistant : « Il n’y aura pas d’avenir prospère pour le Congo sans un peuple en bonne santé. »

Vincent Dossou SODJINOU, Représentant résident de l’OMS, a salué cette détermination au plus haut niveau de l’État, soulignant que « la gouvernance est le fondement d’un système de santé résilient et équitable » et que le Congo « a compris très tôt l’importance de la gouvernance dans l’efficacité du système sanitaire ». Il a exhorté les participants à mener une réflexion exigeante et critique pour produire « des résolutions pertinentes, cohérentes avec les priorités nationales et adaptées aux défis actuels ».

Rosaire Ibara, ministre de la Santé, a quant à lui dressé un état des lieux sans détour, relevant un financement « actuellement estimé à 4,2 % du budget national contre les 15 % préconisés par la déclaration d’Abuja », tout en pointant « la récurrence des tensions sociales » dans les formations sanitaires, souvent dues à « de mauvaises pratiques managériales » et au manque de ressources.

Mais le ministre s’est aussi voulu rassurant : « Plusieurs acquis méritent d’être relevés », a-t-il déclaré, citant « la mise en service de deux hôpitaux généraux, celui de Ngiré à Brazzaville et celui de Ngoyo à Pointe-Noire, et de 18 centres de santé intégrés dans les zones rurales ». Il a également salué « la mise en œuvre prochaine de projets de renforcement de la sécurité sanitaire et des soins de santé primaires avec l’appui des partenaires techniques ».

Au-delà du constat, la session se veut avant tout une étape vers l’action. Le Premier ministre a appelé à « travailler dans le sens de la réactualisation du décret » régissant le Conseil national de la santé, pour qu’il soit en phase avec « la nouvelle architecture institutionnelle de notre pays et la politique nationale de santé adoptée par le gouvernement en 2018 ». Il a insisté sur la nécessité « de bâtir un cadre permanent d’analyse stratégique, de veille sociale et de proposition », capable d’orienter les politiques publiques vers « plus d’efficacité, de proximité et de résultats mesurables ».

La question de la décentralisation et du rôle clé des acteurs locaux a aussi été au cœur des interventions. Le Premier ministre a rappelé que « les préfets, les présidents des conseils départementaux et municipaux » ont un rôle stratégique dans la mise en œuvre des priorités sanitaires : « Ces assises territoriales constituent un levier essentiel pour renforcer l’ancrage communautaire des politiques de santé. »

Sur le plan financier, Rosaire Ibara a plaidé pour « explorer les mécanismes de financement innovants », en évoquant notamment « la responsabilité sociétale des entreprises » et « la fiscalité sur les produits nuisibles à la santé ». Il a aussi insisté sur la nécessité de « stratégies d’incitation efficaces pour encourager l’installation durable du personnel de santé dans les zones rurales ».

Tous ont enfin salué l’importance de renforcer la préparation aux crises. Pour Vincent Dossou SODJINOU, « les solutions existent pour aider les pays à faire face aux défis qui freinent la marche vers l’atteinte des objectifs de développement durable ».

Alors que le pays reste exposé à des défis structurels, aux vulnérabilités socio-économiques et aux effets du changement climatique, le ministre de la Santé a conclu en appelant à « écrire une page nouvelle où chaque Congolais et chaque Congolaise pourra jouir de son droit fondamental à la santé et avoir un accès équitable aux soins de base ».

Entre ambitions politiques, engagement technique et ancrage communautaire, la gouvernance sanitaire congolaise veut ainsi prendre un virage décisif pour bâtir un système de santé plus inclusif, plus réactif et plus résilient.

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