Le parc national de Conkouati-Douli, véritable sanctuaire de biodiversité en République du Congo, est aujourd’hui au cœur d’une controverse environnementale. Deux blocs pétroliers couvrent plus de la moitié de sa superficie terrestre et près de 90 % de ses zones humides, menaçant à la fois des espèces protégées et la survie de milliers d’habitants.

L’exploration pétrolière empiète désormais sur l’une des zones protégées les plus riches en biodiversité du Congo. C’est le constat alarmant dressé par le Centre d’Actions pour le Développement (CAD) et l’ONG internationale Earth Insight, dans un rapport rendu public le 04 septembre à l’occasion de la Semaine africaine du climat à Addis-Abeba.
Selon cette étude, les blocs pétroliers de Conkouati et de Niambi recouvrent ensemble plus de 50% des terres du parc et quasiment 90% de ses zones humides, malgré les protections juridiques en vigueur. Ces concessions, attribuées en février 2024 et avril 2025 à la société China Oil Natural Gas Overseas Holding United, contreviennent au décret présidentiel de 1999 qui interdit toute activité extractive au sein du parc.
Créé il y a plus de vingt ans, le parc national de Conkouati-Douli s’étend sur plus de 8000 km² de forêts tropicales, de mangroves et de zones marines. Il abrite une biodiversité exceptionnelle : près de 900 gorilles des plaines de l’Ouest, 7000 chimpanzés, 900 éléphants de forêt et environ 300 dauphins à bosse de l’Atlantique, une espèce vulnérable.
Mais les permis pétroliers mettent aujourd’hui en péril cet équilibre. Le rapport souligne que 28% des zones clés de biodiversité du parc sont désormais chevauchées par des blocs pétroliers, ce qui menace de fragmenter des corridors écologiques essentiels.
Environ 7000 habitants vivent dans le parc et dépendent de la pêche, de l’agriculture et des ressources forestières. Leur mode de vie est directement menacé par la présence des compagnies pétrolières.
« Le parc national de Conkouati est un sanctuaire de vie, pas une ressource à détruire. L’octroi de blocs pétroliers dans ce parc national est une décision politique extrêmement grave », a dénoncé Trésor Nzila Kendet, directeur exécutif du CAD.

Face à la gravité de la situation, le rapport formule trois recommandations majeures :
- Révoquer les permis pétroliers attribués à l’intérieur du parc et de sa zone tampon.
- Renforcer l’application des lois environnementales afin de préserver l’intégrité des aires protégées.
- Assurer une gouvernance transparente et inclusive, impliquant les communautés locales et la société civile dans la prise de décision.
Pour les organisations environnementales, l’affaire Conkouati-Douli illustre les pressions industrielles croissantes sur le bassin du Congo, deuxième plus grand massif forestier tropical du monde et puits de carbone vital. Ce constat pose également la question de la cohérence de la République du Congo avec ses engagements internationaux en matière de biodiversité et de climat.