Candidat de la République du Congo à la direction générale de l’UNESCO, Firmin Édouard Matoko n’a recueilli que deux voix face à l’Égyptien Khaled El-Enany, élu avec 55 suffrages. Un revers cinglant qui met en lumière l’affaiblissement de la diplomatie congolaise sur la scène internationale.

Le verdict est tombé ce lundi 6 octobre à Paris. Au terme d’un vote à bulletin secret, le Conseil exécutif de l’UNESCO a porté à sa tête l’ancien ministre égyptien du Tourisme et des Antiquités, Khaled El-Enany, avec 55 voix sur 57. Le candidat congolais Firmin Édouard Matoko, ancien haut responsable de l’organisation, n’a obtenu que deux suffrages. Une défaite d’autant plus symbolique qu’elle traduit la perte d’influence progressive du Congo-Brazzaville au sein du système multilatéral.
Depuis plusieurs mois, Brazzaville avait pourtant mobilisé d’importants moyens pour soutenir la candidature de son ressortissant. Voyages diplomatiques, rencontres bilatérales et plaidoyers régionaux se sont multipliés en Afrique centrale, australe et même au-delà. Mais cette offensive n’aura manifestement pas convaincu. Selon plusieurs observateurs, le soutien promis par certains États africains n’a pas été au rendez-vous le jour du scrutin.
« À y regarder de près, il est probable que le Congo ait voté pour lui-même, tout comme le Vietnam, pays d’origine de la mère de Matoko. Autrement dit, une seule voix véritablement acquise », commente un analyste politique à Brazzaville. Une hypothèse qui en dit long sur l’isolement du Congo au sein même du continent africain.
Pendant ce temps, le vainqueur égyptien, en campagne depuis plus de deux ans, a su tisser un vaste réseau d’alliances. Soutenu publiquement par la Ligue arabe, l’Union Africaine, mais aussi par la France, l’Allemagne, le Brésil et la Turquie, Khaled El-Enany s’imposait déjà comme le grand favori. Son élection ne fait que confirmer cette dynamique.
Pour le Congo, la leçon est douloureuse. Les succès diplomatiques des années 1970 et 1980, qui avaient permis au pays de peser dans les grandes enceintes internationales, semblent aujourd’hui bien loin. « La voix du Congo ne résonne plus sur la scène mondiale », déplore un diplomate à la retraite, évoquant un affaiblissement lié autant à l’absence de stratégie cohérente qu’à la baisse de crédibilité politique du pays à l’étranger.

Cette déconvenue intervient à moins d’un an de l’élection présidentielle de 2026, dans un contexte où les relations entre Brazzaville et plusieurs partenaires traditionnels (dont la France, soutien affiché du candidat vainqueur) paraissent s’être refroidies. Une situation qui appelle, selon les observateurs, un sursaut diplomatique urgent, mais aussi une remise en question interne.
Khaled El-Enany doit officiellement prendre ses fonctions le 14 novembre prochain, après validation de sa nomination par la Conférence générale de l’UNESCO prévue le 9 novembre à Samarcande, en Ouzbékistan. Il succédera à la Française Audrey Azoulay, avec pour mission de redonner souffle et efficacité à une institution fragilisée par la baisse de ses ressources.
Pendant ce temps, à Brazzaville, le temps est à l’introspection. Le revers de Firmin Édouard Matoko ne saurait être perçu comme une simple défaite individuelle, mais comme le symptôme d’un recul d’influence diplomatique qui interpelle l’ensemble de la classe dirigeante congolaise.
🖋️ Article rédigé par Vivace MAMBOUANA.