La Congolaise des Eaux (LCDE) alerte sur la spoliation du périmètre de sécurité sanitaire de son usine de Djiri, essentielle à 70 % de l’approvisionnement en eau de Brazzaville. Si rien n’est fait, la capitale congolaise risque une grave pénurie d’eau dans les années à venir.

L’inquiétude est grandissante à la Congolaise des Eaux (LCDE). Son complexe de production d’eau potable de Djiri, qui fournit près de 70% des besoins en eau de Brazzaville, est aujourd’hui menacé par des actes répétés de spoliation foncière. Ces intrusions illégales dans le périmètre de sécurité sanitaire de l’usine pourraient, à terme, compromettre la qualité et la quantité d’eau distribuée à des centaines de milliers d’habitants de oa capitale congolaise.
La direction générale de la LCDE tire la sonnette d’alarme et appelle le gouvernement à prendre des mesures urgentes et rigoureuses pour stopper ce phénomène. Selon elle, des ex-propriétaires fonciers et familles déjà indemnisées par l’État tentent illégalement de s’approprier à nouveau ces terrains pourtant classés zones non aedificandi, c’est-à-dire interdites de toute construction.
Le 17 octobre 2025, une délégation conduite par Bienvenue Ibara, directeur général adjoint de la LCDE, s’est rendue sur les lieux pour constater l’ampleur des dégâts. Objectif, alerter le président de la République sur « le danger réel et imminent » qui pèse sur cet investissement stratégique, et sur les conséquences désastreuses que ces spoliations pourraient avoir sur la politique nationale d’accès à l’eau potable.
« Cette destruction de la zone protégée est une atteinte directe à la santé publique et à l’héritage commun », a déclaré M. Ibara, appelant les autorités compétentes à une réaction ferme face à « l’inefficacité des entités chargées de l’application de la loi ».

Le directeur des exploitations, Guy Serge Ndzinga Ossondzo, est encore plus alarmiste. Selon lui, les constructions illégales se trouvent à moins de 150 mètres du point de captage de la rivière Djiri. « Ces spoliations entraînent le dépôt de débris solides dans l’eau. À terme, les machines risquent de s’endommager, entraînant une paralysie du système de production », prévient-il.
Et d’ajouter : « Si rien n’est fait, d’ici trois à cinq ans, Brazzaville pourrait faire face à une pénurie majeure d’eau, car la rivière Djiri risque d’être totalement ensablée. »
En rappel, le site de Djiri constitue la colonne vertébrale du réseau d’approvisionnement en eau de Brazzaville. Son périmètre de sécurité sanitaire, classé propriété de l’État depuis 1982, bénéficie d’une protection juridique renforcée par la loi n°6-2019 du 5 mars 2019 sur l’urbanisme. Ce statut interdit toute activité ou construction susceptible de compromettre la qualité de l’eau ou la sécurité des installations.
Mais face à la recrudescence des occupations illégales, la LCDE estime que la viabilité du complexe de Djiri est désormais compromise. L’entreprise demande non seulement la mobilisation des pouvoirs publics, mais aussi la sensibilisation des populations sur l’importance de préserver cette infrastructure vitale.
« Protéger Djiri, c’est garantir l’avenir hydraulique de Brazzaville », conclut le directeur des exploitations, appelant à un sursaut collectif avant qu’il ne soit trop tard.
🖋️ Article rédigé par Vivace MAMBOUANA