La République du Congo risque de perdre jusqu’à 15 % des subventions du Fonds mondial en raison du non-respect de ses engagements financiers pour l’achat de médicaments essentiels. Une situation alarmante qui menace de priver des milliers de patients de traitements vitaux et de fragiliser davantage le système de santé du pays.
La République du Congo pourrait perdre jusqu’à 15 % des financements du Fonds mondial si elle ne respecte pas ses engagements financiers pour l’achat de médicaments essentiels. Ce signal d’alarme a été tiré le 4 avril à Brazzaville, lors de la restitution de mission de l’équipe pays du Fonds mondial.
Grâce aux investissements de cette organisation internationale et de ses partenaires, les indicateurs de santé relatifs au VIH, à la tuberculose et au paludisme demeurent jusqu’ici satisfaisants. Mais l’avenir est incertain : la rupture annoncée des stocks d’antirétroviraux, due au non-paiement de la contribution nationale, menace de plonger le pays dans une grave crise sanitaire.
« En raison du non-respect par le gouvernement de ses engagements de contrepartie, le Fonds mondial pourrait revoir ses subventions. Pour la période 2024-2026, nous avons alloué 90 millions d’euros à la République du Congo. En retour, il est demandé au gouvernement de contribuer à hauteur de 15 millions d’euros pour l’achat de médicaments, notamment des antituberculeux, antirétroviraux, antipaludéens et des moustiquaires imprégnées », a expliqué Lionel Caruana, gestionnaire du Fonds mondial pour le Congo.
Les conséquences d’un défaut de paiement seraient lourdes. Plus de 20 000 patients vivant avec le VIH risquent de se retrouver sans traitement, plus de 4 000 malades de la tuberculose privés de soins, et près de 20 % de la population pourrait ne plus avoir accès aux campagnes de distribution de moustiquaires, essentielles dans la lutte contre le paludisme.
« Nous faisons face à un risque imminent de rupture de stock pour ces médicaments. Si le gouvernement n’honore pas ses engagements, ce sont 11 millions d’euros qui ne seront pas débloqués pour la République du Congo. Et ce n’est pas tout : avec la baisse générale de l’aide publique au développement, les ressources se raréfient », a poursuivi Lionel Caruana.
Malgré les instructions du président de la République, les fonds attendus n’ont toujours pas été débloqués par le Trésor public, alimentant l’inquiétude des acteurs de la santé et de la société civile. Face à cette situation critique, Valérie Maba Moukassa, représentante de la société civile, a lancé un appel urgent.
« Nous profitons de cette occasion pour alerter sur la santé des Congolais. Si notre cri n’est pas entendu et que les subventions sont réduites, nous n’aurons d’autre choix que de manifester. Les personnes vivant avec le VIH organiseront des marches pacifiques dans tout le pays pour demander des solutions concrètes. Ensemble, faisons-en sorte que les progrès réalisés ne soient pas compromis », a-t-elle déclaré.
Malgré la tension, l’équipe du Fonds mondial réaffirme sa volonté de maintenir un partenariat durable avec la République du Congo, à condition que les engagements financiers soient respectés.