Dans un contexte où les besoins sociaux sont croissants, une récente étude de la coalition « Publiez Ce Que Vous Payez Congo » (PCQVP Congo) révèle une réalité inquiétante : la majorité des projets publics inscrits dans le budget 2023 dans les secteurs de la santé, de l’énergie et de l’hydraulique n’ont pas été réalisés.
Entre juin et août 2024, la coalition a évalué l’exécution physique de 179 projets inscrits au budget 2023, dont 146 dans le secteur de la santé et 33 dans ceux de l’énergie et de l’hydraulique. Les résultats sont sans appel : seuls 9 % des projets sont achevés et fonctionnels, tandis que 66 % n’ont même pas été démarrés. Le reste se partage entre projets inachevés, réalisés hors délai, ou tout simplement invisibles sur le terrain.
Selon PCQVP Congo, le principal frein à l’exécution des projets est le manque de décaissement des fonds prévus. Pire encore, les informations budgétaires sont difficilement accessibles. « Aucun service du ministère de la santé, de l’énergie, des finances ou du Trésor public n’a été capable de nous dire combien d’argent a réellement été déboursé pour chaque projet », déplore un membre de la coalition.
L’opacité budgétaire empêche non seulement le suivi des projets, mais affaiblit aussi la redevabilité des autorités et des opérateurs économiques impliqués dans leur mise en œuvre.
Des projets mal définis et inaccessibles
L’étude pointe également des obstacles techniques : certains projets ont des intitulés trop vagues, rendant leur suivi difficile. D’autres sont situés dans des zones géographiquement enclavées, ce qui complique les visites de terrain. C’est le cas notamment de Maloukou Tréchot ou Mabirou, où l’état des routes et l’éloignement rendent l’accès presque impossible.
Le rapport met en lumière un dysfonctionnement systémique : la déconnexion entre les annonces budgétaires et la réalité sur le terrain. En l’absence de loi de règlement 2023, le véritable niveau d’exécution financière reste inconnu. De plus, certains projets incluent des dépenses réalisées par d’autres ministères, faussant ainsi les chiffres.
« Il est temps que la gestion axée sur les résultats remplace la gestion actuelle fondée sur les moyens, comme le prévoit la réforme budgétaire annoncée pour 2024 », plaide Christian Mouzeo, coordinateur de l’organisation Publiez ce que vous payezPCQVP Congo.
Des recommandations claires
Face à cette situation, la coalition formule plusieurs recommandations :
– améliorer la circulation de l’information entre les niveaux central et local,
– garantir l’accès aux données budgétaires,
– veiller à la programmation réaliste des projets en fonction des ressources disponibles,
– publier les paiements effectués en faveur des opérateurs,
– interpeller les entreprises défaillantes,
– et rendre accessible le registre des bénéficiaires réels des marchés publics.
En attendant une réforme structurelle, les populations, elles, continuent de souffrir du manque d’accès aux soins, à l’eau potable et à l’électricité. Et les milliards prévus dans les budgets restent souvent des promesses sur le papier.